Pot Still : l’alambic des spiritueux de caractère

Souvent associé au whisky ou au cognac, le pot still — ou alambic à repasse — joue aussi un rôle majeur dans la production de rhums de terroir. Découvrez pourquoi cet outil ancestral façonne des spiritueux puissants, complexes et chargés d’identité.

TECHNIQUES & SAVOIR-FAIRE

2/10/20252 min read

Pot Still : l’alambic des spiritueux de caractère

Qu’est-ce qu’un pot still ?

Le pot still, ou alambic à repasse, est un appareil de distillation discontinue : contrairement aux colonnes continues industrielles, il ne traite qu’une cuvée à la fois, en deux ou trois chauffes. Il est constitué :

  • d’une chaudière (la "marmite"), souvent en cuivre,

  • d’un chapiteau où s’évaporent les composés volatils,

  • d’un col de cygne,

  • et d’un condenseur où les vapeurs redeviennent liquides.

Il s’agit d’un système lent, manuel, mais incroyablement expressif : il donne des distillats riches, gras, complexes, souvent chargés en esters (les fameuses "notes funky").

Pot still et alambic charentais : cousins ou jumeaux ?

Le pot still écossais et l’alambic charentais fonctionnent tous deux par double distillation en repasse, mais se distinguent par leur forme, leur chauffe et leur usage.

Le pot still, très utilisé en Écosse pour le whisky (et parfois pour le rhum), varie en forme et en taille. Il est souvent chauffé à feu direct ou à la vapeur. L’alambic charentais, emblématique du Cognac, arbore une silhouette plus régulière, avec un grand chapiteau en oignon, et une chauffe douce souvent au bain-marie.

Dans le rhum, le choix entre les deux dépend de l’héritage local : influence britannique pour le pot still (Jamaïque, Barbade), influence française pour l’alambic charentais (Antilles, Haïti, Réunion). Deux traditions, deux approches, une même quête d’excellence.

Pourquoi utiliser un pot still pour le rhum ?

Le pot still permet de concentrer les arômes les plus lourds du vin de canne ou du vesou (jus de canne), tout en maîtrisant finement la coupe des têtes et des queues (les premiers et derniers éléments distillés).

💡 Le rhum distillé en pot still est souvent plus « funky », plus corpulent, plus intense. C’est une signature recherchée dans les rhums de dégustation.

Exemples emblématiques :

  • Le rhum Hampden (Jamaïque) : pot still en cuivre, fermentation longue, explosion d’esters.

  • Les clairins d’Haïti, artisanaux, souvent distillés en petits pot stills rustiques.

  • Certains rhums agricoles de Marie-Galante ou de la Martinique, produits en batch avec un alambic charentais.

La main du distillateur, plus importante que jamais

Avec un pot still, tout repose sur le savoir-faire humain. Le distillateur règle le feu, décide du moment de la coupe, sent, goûte, ajuste.

C’est une approche artisanale, loin de la standardisation. Chaque batch peut varier légèrement, et c’est ce qui fait la richesse d’un rhum authentique.

Et à la Guildiverie ?

À La Guildiverie, on aime les distillations lentes, brutes, expressives.
Le pot still incarne cet esprit : moins de rendement, plus de caractère.

Il est le prolongement du terroir, du geste du guildivier, et de cette idée simple mais puissante :

un bon rhum ne se fabrique pas à la chaîne, il se façonne à la main.